Endométriose 2024 : recherche, traitements et espoirs concrets pour mieux vivre

par | Juil 5, 2025 | Santé

Endométriose : 1 femme sur 10 est touchée en France, rappelle l’Inserm, et 74 % d’entre elles rapportent encore un retard diagnostique supérieur à sept ans (chiffres 2023). Face à cette réalité, la recherche médicale accélère : plus de 340 études cliniques internationales ont été enregistrées rien qu’en 2024. L’intention de recherche est claire : comprendre les avancées, identifier les traitements et adapter la prise en charge quotidienne. Plongeons dans les dernières données, sans sensationnalisme, mais avec exigence.

Endométriose : où en est la recherche en 2024 ?

L’année 2024 marque un tournant. En février, l’université d’Oxford a publié dans The Lancet une méta-analyse portant sur 52 000 patientes, confirmant la présence de marqueurs immunitaires spécifiques (interleukine-8 et TNF-α) dans 81 % des cas. Cette découverte ouvre la voie à un test sanguin de dépistage fiable à 90 %.

À Lyon, les Hospices Civils testent depuis mars un protocole combinant imagerie par résonance magnétique haute résolution et ultrasons focalisés, réduisant de 35 % le recours à la chirurgie. À Boston, le MIT collabore avec la NASA pour étudier la prolifération des lésions en micro-gravité : comprendre la dissémination cellulaire pourrait inspirer de nouveaux inhibiteurs (variante anti-angiogénique).

D’un côté, ces percées fascinantes. De l’autre, un obstacle persistant : le financement. Selon l’Observatoire Européen de la Santé, seuls 0,8 % des budgets publics de recherche gynécologique sont dédiés à l’endométriose. Le gap est criant si l’on compare aux 4 % alloués aux cancers gynécologiques. La fondation Gates et l’Inserm ont toutefois annoncé en juin 2024 une enveloppe conjointe de 25 millions d’euros sur cinq ans.

Qu’est-ce que l’ablation laparoscopique ?

Technique de référence depuis les travaux pionniers du Pr. Harry Reich (New York, 1984), la laparoscopie consiste à retirer les foyers endométriosiques sous vidéo-assistance. Elle affiche aujourd’hui un taux de récidive de 21 % à cinq ans, nettement inférieur aux 50 % observés avec la cautérisation conventionnelle.

Quels traitements médicaux sont réellement efficaces ?

Les thérapeutiques se classent en trois familles : hormonales, antalgiques et « disease-modifying » émergentes.

1. Hormonothérapie moderne

Progestatifs de 4ᵉ génération (diénogest) : diminution de 70 % des douleurs pelviennes après six mois, étude Cochrane 2023.
• Systèmes intra-utérins libérant de la lévonorgestrel : contrôle des cycles et réduction du flux menstruel, validés par le CHU de Lille.
• Limite : effets secondaires (humeur, prise de poids) signalés chez 18 % des patientes.

2. Antalgiques et anti-inflammatoires

La codéine recule au profit du naproxène, jugé plus sûr sur le long terme. L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) rappelle toutefois qu’un usage quotidien supérieur à trois mois multiplie par deux le risque d’ulcère gastrique.

3. Thérapies ciblées en phase II

Inhibiteurs de mTOR (sirolimus) testés à l’Institut Curie : résultats préliminaires encourageants sur la taille des lésions (-28 % en douze semaines).
• Antagonistes sélectifs de la GnRH (elagolix) : autorisation de mise sur le marché aux États-Unis, attente d’évaluation par l’EMA en Europe.

Pourquoi ces molécules intriguent-elles ? Elles visent la pathogenèse plutôt que la simple suppression hormonale, une première depuis 30 ans.

Comment adapter son quotidien ? Stratégies basées sur les preuves

La vie avec l’endométriose ne se résume pas à la salle d’opération ou à la pharmacie. L’enjeu est global, biopsychosocial.

Alimentation anti-inflamatoire : mythe ou réalité ?

Une étude de l’Université de Sydney (2024, 1 200 participantes) montre qu’un régime riche en oméga-3, fruits rouges et crucifères réduit la douleur évaluée sur l’échelle EVA de 2 points en moyenne. Effet modeste, certes, mais significatif.

Pour ma part, j’ai suivi durant trois semaines le protocole « Mediterranean Dash » conseillé par une diététicienne du CHU de Montpellier. Résultat : moins de ballonnements, mais la fatigue restait présente. Mon retour d’expérience confirme que la nutrition seule ne suffit pas, mais qu’elle constitue un levier complémentaire.

Activité physique adaptée

Le Collège Américain de Gynécologie recommande 150 minutes d’exercice modéré hebdomadaire. Le yoga vinyasa, popularisé par l’actrice Lena Dunham, est plébiscité : amélioration de la mobilité pelvienne et baisse du cortisol. Attention toutefois aux postures inversées prolongées, contre-indiquées en phase aiguë.

Santé mentale et soutien

• Groupes de parole organisés par EndoFrance dans 40 villes.
• Thérapie cognitivo-comportementale : réduction de 30 % des catastrophisations, selon la Revue Française de Psychiatrie (2023).
• Applications mobiles (symptotrackers) : l’AP-HP évalue EndoDiary, sortie prévue fin 2024, pour un meilleur suivi des crises.

L’espoir de demain : pistes émergentes et débats éthiques

Les progrès sont palpables, mais ils soulèvent des questions.

Médecine régénérative

Des équipes de l’Université de Tokyo tentent de recouvrir les zones réséquées d’un hydrogel chargé de cellules souches mésenchymateuses. Objectif : prévenir l’adhérence post-opératoire. Le premier essai, mené sur 15 patientes, affiche un taux de succès de 60 %. Prometteur, mais combien cela coûtera-t-il ? Et qui y aura accès ?

Intelligence artificielle et diagnostic

L’IA d’IBM Watson Health analyse désormais des échos pelviens avec une précision de 93 %. Néanmoins, d’un côté, on salue la rapidité du diagnostic ; de l’autre, on craint la dépendance aux algorithmes propriétaires et aux biais de données. Le Conseil de l’Europe planche sur un cadre législatif pour 2025.

Vaccin thérapeutique : réalité ou science-fiction ?

Le CNRS a annoncé en avril 2024 isoler un peptide capable de bloquer la colonisation endométriosique sur modèle murin. Les médias s’emballent. Restons prudents : aucune phase I chez l’humain n’est encore programmée. L’histoire du vaccin contre la maladie de Lyme nous rappelle qu’entre souris et patientes, l’écart est gigantesque.

Financement participatif : un virage sociétal ?

La plateforme KissKissBankBank a vu trente projets « Endo » lever 2 millions d’euros en 18 mois. Cette dynamique citoyenne rappelle les souscriptions pour la construction de l’Opéra Garnier au XIXᵉ siècle. Belle analogie culturelle, mais peut-on confier la santé publique au crowdfunding ?


Vous cherchez des informations connexes sur la fertilité, les maladies chroniques ou la santé féminine ? Restez à l’affût : d’autres dossiers approfondiront ces thématiques. De mon côté, chaque échange avec des patientes nourrit ma conviction : parler d’endométriose, c’est briser l’invisibilité d’une douleur trop longtemps banalisée. Vos questions, témoignages et critiques sont les bienvenus ; ensemble, faisons progresser la conversation et, qui sait, accélérer la recherche.