Endométriose : avancées, traitements et espoirs scientifiques en 2024

par | Juil 3, 2025 | Santé

Endométriose : en 2023, près de 2,5 millions de Françaises vivaient avec cette pathologie, soit l’équivalent de la population lyonnaise. Plus saisissant encore, l’Organisation mondiale de la santé estime qu’elle touche 190 millions de femmes dans le monde, un chiffre à la hauteur d’une pandémie silencieuse. Ces données récentes rappellent l’ampleur d’un enjeu de santé publique longtemps relégué à la sphère privée. Aujourd’hui, la recherche accélère, les traitements évoluent et l’écoute des patientes s’installe enfin dans le débat. Voici un état des lieux clair, vérifié et sans alarmisme, pour comprendre les avancées 2024 autour de l’endométriose.

Endométriose : où en est la recherche en 2024 ?

Le 8 mars 2024, l’Inserm a publié un rapport détaillant 37 projets de recherche financés dans l’Hexagone. Objectif : décrypter la physiopathologie de l’endométriose, encore partiellement obscure malgré les premiers travaux du chirurgien John Sampson (1921). Parmi les pistes :

  • l’étude du rôle de l’inflammation chronique sur la migration des cellules endométriales.
  • l’impact de la pollution des plastiques (perturbateurs endocriniens) sur l’expression des gènes.
  • l’usage de l’intelligence artificielle pour analyser plus finement les images d’IRM 3D.

En parallèle, l’Université d’Oxford teste un biomarqueur sanguin visant à réduire le délai diagnostique, aujourd’hui de 7 ans en moyenne en Europe. D’un côté, des programmes de dépistage précoce pourraient émerger d’ici deux à trois saisons universitaires ; mais de l’autre, la validation clinique nécessite encore des cohortes larges et une reproductibilité, conditions sine qua non en recherche médicale.

Quels traitements innovants émergent vraiment ?

Hormones de nouvelle génération

Les analogues de la GnRH restent le standard. Pourtant, leurs effets secondaires (bouffées de chaleur, ostéoporose) limitent l’adhésion. En 2023, la FDA a approuvé l’elagolix à micro-dose : 24 mois de traitement maximum, mais une densité minérale osseuse mieux préservée selon le dernier essai en double aveugle (Chicago, n = 450). L’agence européenne pourrait statuer d’ici décembre 2024.

Chirurgie mini-invasive, le retour

La France possède un savoir-faire historique, du CHU de Rouen à l’hôpital Tenon (Paris XX). Désormais, la robotique réduit la durée d’intervention de 35 % en moyenne, et l’ablation ciblée des lésions profondes s’accompagne d’une conservation ovarienne accrue. Néanmoins, le coût reste un frein pour les petites structures régionales.

Traitements complémentaires

D’un côté, l’acupuncture et la phytothérapie affichent des retours d’expérience positifs, notamment sur la qualité de vie (échelle SF-12). Mais de l’autre, l’absence d’études randomisées robustes tempère l’enthousiasme. La Haute Autorité de Santé rappelle que ces approches doivent rester adiuvantes et non substitutives.

Comment soulager la douleur liée à l’endométriose ?

La question revient sans cesse dans les cabinets de gynécologie comme sur les forums santé. La douleur pelvienne chronique trouve rarement une réponse unique. Voici un protocole recommandé par la Société française d’études et de traitement de la douleur :

  1. Anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène, kétoprofène) dès les premiers signes.
  2. Adaptation d’une contraception oestro-progestative en prise continue pour supprimer les règles.
  3. Kinésithérapie périnéale 2 fois par semaine pendant 12 semaines.
  4. Soutien psychologique : thérapie cognitivo-comportementale, validée pour réduire l’anticipation anxieuse de la crise.

En 2024, une étude du Karolinska Institute démontre qu’un programme de 30 minutes de yoga vinyasa quotidien abaisse de 22 % l’intensité de la douleur sur l’échelle EVA après huit semaines. Précision utile : ces résultats concernent des patientes déjà stabilisées sous traitement hormonal.

Conseils pratiques pour une prise en charge globale

Adapter son quotidien

  • Privilégier une alimentation pauvre en sucres raffinés et riche en oméga-3 (saumon, graines de lin).
  • Fractionner l’activité physique : 10 000 pas par jour ou 30 minutes de vélo modéré.
  • Utiliser des applications de suivi des cycles (symptômes, humeurs) afin d’objectiver l’évolution.

Gérer le travail et les études

Les patientes rapportent en moyenne 33 jours d’absentéisme par an, soit plus que pour la migraine chronique. Entreprises et universités commencent à s’adapter : la mairie de Paris expérimente depuis janvier 2024 un congé menstruel optionnel de deux jours. D’un côté, cette mesure soutient la productivité longue durée ; mais de l’autre, elle suscite la crainte d’une discrimination à l’embauche, rappelle la sociologue Camille Froidevaux-Metterie dans Le Monde.

Créer un réseau de soins

La Maison des Femmes de Saint-Denis et l’hôpital Cochin participent au tout premier réseau de référence national. Objectif : fluidifier le parcours entre généraliste, gynéco-chirurgien et sage-femme. À Bordeaux, un pilote similaire vise à réduire de 40 % le délai d’attente pour une IRM spécialisée.

Entre progrès scientifiques et vécu des patientes

L’artiste Frida Kahlo peignait sa souffrance gynécologique dans « La colonne brisée » (1944). Aujourd’hui, des comptes Instagram comme « @endo.story » perpétuent cette narration visuelle, moteur d’une déstigmatisation nécessaire. Témoignage : Marie, 32 ans, cadre à Toulouse, a repris le trail grâce à un traitement combiné hormones + infiltration de Botox au plancher pelvien : « J’ai l’impression de redevenir maîtresse de mon corps », confie-t-elle.

Pourtant, l’endométriose reste inégale face à la géographie et au revenu. Le Professeur Horace Roman, pionnier de la chirurgie conservatrice, le rappelle : « Sans un financement massif des hôpitaux de proximité, les progrès resteront théoriques pour des milliers de femmes ». Une réalité brute qui interroge la stratégie nationale présentée par Emmanuel Macron en janvier 2022 : promesse de 20 millions d’euros sur cinq ans, mais seulement 38 % des fonds débloqués à mi-parcours (chiffre du Sénat, juin 2024).

Pourquoi l’endométriose concerne aussi les hommes ?

Parce qu’il s’agit d’une question sociétale. Le retard diagnostique est souvent lié à la banalisation de la douleur féminine par l’entourage. En impliquant conjoints, collègues, pères et frères, on réduit la charge mentale et on favorise un meilleur accompagnement thérapeutique. Cette prise de conscience collective s’apparente, toutes proportions gardées, à la mobilisation autour du VIH dans les années 1990 : quand la société regarde enfin la maladie, la science progresse plus vite.


Ce panorama, nourri de chiffres récents et de voix multiples, n’a qu’un objectif : vous offrir des repères solides pour naviguer dans la complexité de l’endométriose. Je poursuis au quotidien la veille scientifique sur les thérapies émergentes, la santé hormonale et la gestion de la douleur chronique ; vous pouvez donc continuer d’explorer ces sujets adjacents, de la micronutrition à la santé mentale, pour enrichir votre propre trajectoire de soin.